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21 septiembre 2022

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¡Non! aux disparités sociales qui engendrent la violence

Alfred Kiteso S.J.

Foi et Joie RDC


L’une des manières pour les opprimés de revendiquer leurs droits, c’est d’user de la violence, dit implicitement Albert Nolan dans Dieu en Afrique du Sud. La violence est l’expression d’un mal social que l’on rejette, que l’on veut à tout prix briser. Dans son Exhortation Apostolique Evangelii Gaudium, le Pape François affirme que : « De nos jours, de toutes parts on demande une plus grande sécurité. Mais, tant que ne s’éliminent pas l’exclusion sociale et la disparité sociale, dans la société et entre les divers peuples, il sera impossible d’éradiquer la violence » (n° 59). 

 

Certaines expériences qui ont jalonné l’histoire de certains pays du monde, ont démontré à quel point et sous quel prix les hommes qui prennent conscience de leur pauvreté, de leur oppression peuvent changer le système créateur des disparités sociales. Comme le souligne Albert Nolan : « En Afrique du Sud, l’aspiration à la libération s’est traduite en action : c’est ce que nous appelons la lutte ». Dans cette logique, la violence est justifiable lorsque dans un Etat l’agir politique transforme en norme le non-respect des droits humains. Cependant, le Pape François, par le biais de Evangelii Gaudium, invite l’humanité à éviter d’en arriver à ce genre de situation où l’on doit compter par milliers des morts, des femmes violées, etc. Autrement dit, le pape François fait l’apologie de la non-violence, socle d’une paix véritable, dont la clé de voûte est le dialogue.

 

Le développement passe impérativement par le dialogue, soutenu par la fraternité et la solidarité. Ces deux valeurs sont caractéristiques de la culture africaine. Dans l’Exhortation Apostolique Ecclesia in Africa, Jean-Paul II a fait une reprise de ces deux notions en formulant son ecclésiologie de communion pour l’Eglise d’Afrique. On se rappelle bien de la notion d’« Eglise-Famille-Dieu » qu’il y développe. Il faut noter que par rapport contexte africain, l’on peut admettre que « l’image Eglise-Famille met l’accent sur ce que l’Eglise est et voudrait que ses fils et ses filles soient… », dit Adrien Essoh dans son livre Eglise-Famille de Dieu. Sainteté de l’Eglise et sainteté dans l’Eglise. Cette ecclésiologie de communion prouve à suffisance que l’Afrique est marquée véritablement par une Église-Famille de Dieu parce qu’elle est foncièrement animée par la volonté d’être réellement une famille unie.

 

Dans certaines contrées de la République démocratique du Congo, l’incidence de la pauvreté a fait éclater cette aspiration à un vivre-ensemble harmonieux. Du côté des jeunes notamment désœuvrés, l’on note l’émergence des gangs qui sèment la terreur dans leurs communautés en vulgarisant la violence et des antivaleurs qui effritent les efforts pour le développement. Du côté des adultes, il ressort que beaucoup de familles ont du mal à se côtoyer. Les distances sociales se créent au sein des communautés, sous-tendues par les calomnies, le tribalisme, les spéculations sur la sorcellerie, la médisance, etc. Par conséquent, il devient très difficile de dialoguer en vue de bâtir en synergie. La violence, sous toutes ses formes, devient un moyen de défense. 

 

Foi et Joie RDC tente de résoudre ce problème de cohabitation harmonieuse en développant un programme d’alphabétisation radiophonique fondé sur la méthode de Paolo Freire. Il s’agit de l’alphabétisation conscientisante, un programme qui permet aux pauvres de jouir pleinement de leur droit à l’éducation. Depuis 2021, ce projet d’alphabétisation bénéficie d’un appui de taille de la part de Radio Ecca des Îles Canaries. Cet apport, essentiellement technique, a permis au d’améliorer le programme d’alphabétisation radiophonique en accordant une attention soutenue au rôle de la communauté d’écoute. Avec la méthode Ecca, les auditeurs, jeunes et adultes, sont regroupés en communauté d’écoute de 50 personnes au plus. Ils écoutent les leçons de 30 minutes ensemble pendant 4 jours de la semaine et font les séances de tutorat sous la coordination d’un tuteur. 

 

Lors de la séance hebdomadaire de tutorat, les apprenants échangent sur les difficultés éprouvées et engagent le débat sur le centre d’intérêt de la semaine. Le tutorat est aussi le moment privilégié pour discuter des défis de la vie courante qui découlent du centre d’intérêt. L’expérience depuis l’année 2021 prouve à suffisance que les communautés d’écoute sont véritablement des lieux de dialogue mutuel. Non seulement elles permettent aux apprenants de faire l’expérience d’un cadre d’apprentissage, elles ont aussi le mérite de leur offrir un espace approprié pour aborder des questions qui relèvent de la vie et de bannir certaines distances sociales. En outre, les communautés d’écoute sont des vraies oasis de paix où la socialisation consolide les rapports interpersonnels entre apprenants. 

 

Il s’avère que l’éducation est une force susceptible de mettre fin aux disparités sociales. Grâce à l’éducation, il est possible de rendre réelle l’ecclésiologie de communion prônée par Jean Paul II, celle basée sur la fraternité et la solidarité ; il est possible de créer des espaces de dialogue et d’endiguer la violence au sein des communautés. Le programme d’alphabétisation radiophonique de Foi et Joie RDC en est un exemple éloquent.

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